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A propos de la Constitution de 1987  
Le Président de l’ADEBHA opine

 
 

En dépit de certaines faiblesses et des lacunes qu’elle fait apparaître, La Constitution haïtienne de 1987 redonne foi au peuple haïtien dans les idéaux de liberté, de justice et de paix. Elle s’attaque, de façon sans équivoque, à un ordre séculaire de chose fondée sur l’arbitraire. Elle ébauche un projet politique qui a pris le contre-pied de notre échec collectif pour contraindre le pays à choisir uniquement le droit comme instrument d’organisation et de fonctionnement de la vie publique. C’est en effet dans le respect du droit que se trouve le salut d’un peuple. Molière disait : « Il vaut mieux mourir selon les règles, que de réchapper contre les règles. »  
 
L’analyse approfondie de la constitution du 29 mars 1987 permet d’y découvrir des extraordinaires innovations. Là où elle n’a pas jugé bon d’innover, elle prend la liberté d’abolir, de modifier, de changer, de proposer, ou de renforcer les institutions de l’Etat. Elle a marqué la rupture avec les pouvoirs rétrogrades. Ses dispositions sont loin de traduire la vision d’une classe, d’un groupe, encore moins celle d’une personne. Elle proclame la fin de l’autoritarisme, ce comportement nocif qui n’a cessé d’étrangler la politique haïtienne. Bref, la constitution de 1987 reflète la tendance d’un peuple épris de démocratie, de justice et de droit.  
 
Fruit d’une époque fébrile, elle demeure la référence idéologique d’un peuple déterminé à renverser l’ordre dictatorial existant pour le remplacer, enfin, par un régime de droit.  
 
Le peuple haïtien, à l’instar des grecs, a aussi demandé au sage Solon: “Quelle est la meilleure Constitution” pour Haïti? Et celui-ci a tenu la même réponse: “Pour quel peuple, et à quelle époque ?”  
 
La Constitution de 1987 est la première Constitution haïtienne à donner naissance à un pouvoir exécutif bicéphale, avec d’un coté l’Etat ayant à sa tête le Président de la République, Chef de l’Etat et de l’autre coté, le gouvernement conduit par un Premier Ministre. La Constitution de 1983 amendée en 1985 avait tenté d’établir en Haïti un régime pareil. Ce projet n’a pas eu le temps de se matérialiser, à cause des événements politiques de février 1986 ayant renversé la dynastie des Duvalier.  
 
La Constitution de 1987 apparaît comme plus remarquable, plus audacieuse, plus tranchante, plus radicale de toutes celles qu’a connues Haïti. Elle est dominée par la passion du peuple de vivre dans la démocratie. On a tendance à faire d’elle une œuvre emblématique, un symbole de lutte contre toutes velléités du pouvoir personnel. Dans son préambule, nous lisons: « Le peuple proclame la présente Constitution pour implanter la démocratie en Haïti».  
 
Les dirigeants de la République d’Haïti ont du mal à faire appliquer les clauses de la Constitution de 1987 parce qu’ils les jugent défavorables à toute tendance de fonctionner dans les sphères du pouvoir autoritaire. A ce sujet, il y a lieu de rappeler ces paroles de Napoléon Bonaparte : « Je ne suis à la tête de cette nation que parce que la constitution de l’Etat me convient. Si la France exigeait une autre Constitution et qu’elle ne me convint pas, je lui dirais de chercher un autre souverain. »  
 
Depuis la promulgation de la constitution de 1987, la République est acculée à accomplir des actes d’Etat dans un cycle de désordres sans pareil. En dehors des normes, sont organisées des élections de façade. En dehors des normes constitutionnelles fonctionne l’Etat avec des dirigeants sans foi ni loi. Vouloir à tout prix changer cette constitution sans placer même symboliquement sur le banc des accusés les gens qui ont pris le malin plaisir d’entraver sa réelle application est une entreprise téméraire.  
 
Les dirigeants élus dans les circonstances contestables ne le sont que pour rendre plus difficile l’application de la constitution. Prétextant d’une structure constitutionnelle trop lourde et jugée assez coûteuse, les détenteurs de la plus haute autorité de l’Etat, qui ont juré de respecter la Constitution, ont passé outre des formalités constitutionnelles de pourvoir les sections communales, les communes et les départements des autorités chargées de les gérer. Il suffit que le Palais national et le Parlement en soient pourvus à n’importe quel prix, qu’importe le reste.  
 
On dirait que la violation de la constitution est acceptée en Haïti comme un fait accompli. L’on ne sent pas manifester une volonté nationale ou internationale d’enrayer cette déviance. Au contraire, on en profite pour retirer des avantages personnels au détriment du bien commun sans se dire que celui qui tire bénéfice du mal en est l’auteur au même titre que celui qui le commet ou qui le cause. Quel haïtien, même le moins concerné, n’est pas conscient que les choses doivent changer. Celui qui ne réagit pas contre le mal se rend coupable du refus de porter secours.  
 
Aucune Constitution démocratique ne peut produire effet en matière des droits humains, que si la société atteint un certain niveau de conscience et d’organisation.
 
 

 
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Modifié en dernier lieu le 29.12.2009
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