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L’Armée

L’armée est de tous les âges, de tous les temps, de toutes les générations. Elle est, dans bien des cas, à l'origine des Etats. Reconnaissant certains de ses bienfaits envers l’humanité et certaines valeurs qu’elle a générées, plusieurs pays démocratiques ont rendu obligatoire le service militaire. Là où c'est le cas, un citoyen qui n'a pas fait son service militaire peut rencontrer de grandes difficultés à accéder à certaines fonctions publiques de son pays. 
 
L’armée prône le respect des valeurs républicaines et l’obéissance à tout ce qui fait la grandeur de la patrie. Dans tous les pays civilisés, elle constitue l’une des composantes essentielles de l’institution citoyenne. Les plus belles et les plus authentiques démocraties en font constamment l'éloge. Napoléon disait:« L'Armée, c'est la Nation.» Beaucoup d'Haïtiens peuvent se reconnaître dans cette affirmation.  
 
Pourtant, au lieu d’appliquer les prescrits constitutionnels relatifs au service militaire, en 1995, les dirigeants de l’époque ont préféré procéder au démantèlement de l’armée, acte de trahison passible de la haute Cour de Justice si la Constitution était réellement en application.  
Le service militaire apprend au jeune citoyen à cultiver l’amour de la patrie, à manier les armes pour leur protection personnelle ou collective.  
 
Ce service oblige les jeunes à améliorer leurs conditions physiques pour les rendre capables de faire face à diverses situations. C'est aussi l'occasion pour eux de développer des qualités civiques nécessaires à l'accomplissement de grandes œuvres patriotiques. Le patriotisme s’édifie autour de ce devoir.  
 
Les élections pour le renouvellement des instances démocratiques du pays seraient moins coûteuses et plus crédibles si le Conseil Electoral prévu par la Constitution de 1987 pouvait compter sur les jeunes ayant fait leur service militaire.  
 
La perception négative de l'armée entretenue par bon nombre d'Haïtiens et de citoyens du Tiers Monde est loin de refléter l'idée générale qui prédomine dans les pays démocratiques. Car l'armée, à cause de sa mission fondamentale qui consiste à défendre le territoire national contre l’agression étrangère, est l’une des plus nobles institutions dont un pays puisse disposer. Les Américains s’enorgueillissent d’avoir la plus belle et la plus solide armée du monde tandis que d’autres peuples sont très fiers de leurs héros militaires. 
 
Certains Etats comme le Chili, doivent le démarrage de leur modernisation à des gouvernements militaires, même s'il faut regretter certaines exactions de l'armée chilienne. Il est certes plus facile d'excuser un régime militaire qui offre l’occasion à un peuple de rompre définitivement avec un système rétrograde pour entrer dans l’ère de la démocratie institutionnelle 
 
L’armée haïtienne, depuis l'indépendance, n’a jamais eu l'occasion de remplir valablement la mission assignée, en période de paix, à toute armée. Elle a toujours été utilisée à des fins personnelles pour la prise ou la domination du pouvoir. On lui a, non seulement attribué des missions qui n’étaient pas celles d’une armée moderne, mais elle a aussi été toujours contrainte d’exercer de façon inappropriée des fonctions réservées à la police.  
 
Depuis le démantèlement de notre armée en 1994, la police s’est érigée en armée de terre, de l’air, de mer pour créer davantage de confusion au sein d’une population aux abois en matière de sécurité. Les mauvaises orientations données, tout au long de notre histoire, à notre armée l’ont basculée dans la dérive. Comme : « Les mêmes causes produisent les mêmes effets », il est souhaitable que les diverses composantes du pays se ravisent afin d'éviter à l'institution policière un sort identique à celui de l'armée.